14h00
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 11 : « j’étais heureux de me plonger, de m’absorber, de me fondre dans la masse des eaux de cette langue qui ne cessait de me faire signe et, en fin de compte, de me nourrir. »
14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 12 : « La nature humaine, au fond, n’était pas meilleure ; mais les hommes trouvaient leur sécurité dans la facilité de se pénétrer réciproquement, et cet avantage, dont nous ne sentons plus le prix, leur épargnait bien des vices. [...] »
Carte mentale.
14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 13 : « Il fallait que je m’arrache à mon étroite territorialité ; il fallait que je me libère de mes maux de langue ; il fallait que j’entre dans le monde porté par le français pour mettre en usage tout ce qui s’était accumulé de français en moi, mais aussi pour me mettre dans un état de connivence avec faits et gestes de la vie vécue et construite en français, bref pour me glisser, me baigner, me couler, m’immerger le plus profondément possible dans toute la liturgie quotidienne de la vie, dans tout le volume et toute l’étendue de la langue de Rousseau qui était devenue une passion, un amour. »
14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 1 (Montpellier) : « Mes parents se réjouirent de mon succès. Quelques jours avant mon départ, j’allai avec mon père à la Banque de Tokyo dans le quartier administratif et financier d’Otemachi. Il acheta 2 000 francs de chèques de voyage contre la somme, à mes yeux considérable, d’à peu près 150 000 yens. Il me dit en me tendant les chèques : « Au cas où ta bourse ne suffirait pas... » Il ne prononçait pas la moindre parole révélatrice d’inquiétude ; mais sur son visage je voyais se dessiner une légère crispation et dans sa voix s’entendait une imperceptible fragilité. Il se faisait violence pour se persuader de la nécessité de lâcher son fils dans un océan d’incertitudes dont il ne pouvait mesurer l’étendue avec exactitude. »
Chapitre 13:
Il y eut plusieurs épreuves en plusieurs étapes. À l’issue de la dernière épreuve qui consistait en un entretien en français avec deux examinateurs, l’un japonais, l’autre français, je fus content d’une certaine éloquence dont j’avais fait preuve. Je m’étais préparé mentalement à produire un discours structuré, mais mon principal souci avait été de reproduire dans mon élocution les mouvements mélodiques ascendants et descendants que j’avais perçus de façon si aiguë dans l’énonciation française au cours de mes fréquentations radiophoniques ; je me souciais aussi de restituer les structures rythmiques que j’avais captées à l’écoute de tous les documents sonores qui étaient pour moi comme des trésors inépuisables. Je ne m’inquiétais pas trop du résultat ; au contraire, j’étais plutôt confiant, accueillant calmement toutes les incertitudes du monde. Et, finalement, j’eus le bonheur de me trouver parmi les chanceux. Qui plus est, je fus classé dans le groupe des étudiants bénéficiaires d’une bourse française. À ce titre, j’obtins une bourse de deux ans. Le sentiment d’avoir percé le mur du destin me gagna. C’était le vrai commencement d’une vie entièrement placée sous les auspices de cette langue venue d’ailleurs qu’était le français.
Commentaires
1. Processus de sélection :
Le paragraphe débute en mentionnant un processus de sélection en plusieurs étapes, avec comme point d'orgue, un entretien en français. Cela montre le caractère rigoureux et compétitif du concours. Imaginez des examens sans épreuve orale. Ça ne serait pas du tout sérieux, n'est-ce pas ?
2. Performance linguistique :
Mizubayashi est satisfait de son "éloquence" pendant de l'entretien final. Cela montre une confiance croissante dans ses compétences en français.
3. Préparation stratégique :
L'auteur révèle sa stratégie de préparation, qui va au-delà du simple contenu. Il se concentre sur :
a) La structure du discours
b) L'intonation ("mouvements mélodiques ascendants et descendants")
c) Le rythme de la langue
4. Influence des documents sonores :
Mizubayashi parle de ses "fréquentations radiophoniques" et "documents sonores", soulignant l'importance des documents sonores dans son apprentissage du français. Il les considère comme des "trésors inépuisables".
5. État d'esprit :
L'auteur décrit son attitude calme et confiante face au résultat, "accueillant calmement toutes les incertitudes du monde". Cela suggère une maturité émotionnelle et une acceptation du processus.
6. Succès :
Mizubayashi est sélectionné et obtient une bourse de deux ans du gouvernement français. Ce succès est présenté comme un tournant majeur dans sa vie.
7. Sentiment de réussite :
L'expression "avoir percé le mur du destin" traduit un sentiment profond d'accomplissement et de dépassement des obstacles.
8. Nouvelle phase de vie :
La dernière phrase marque le début d'une nouvelle étape, entièrement dédiée à la langue française. L'utilisation de l'expression "sous les auspices" donne une dimension presque spirituelle ou sacrée de cette nouvelle phase.
9. Relation à la langue :
La description du français comme "cette langue venue d'ailleurs" rappelle le titre du livre et montre que pour Mizubayashi le français comme une entité étrangère mais profondément attirante.
Ce paragraphe révèle comment ce moment représente un point d'orgue dans le parcours de Mizubayashi, marquant la transition entre son apprentissage au Japon et son immersion totale dans la culture et la langue françaises. Elle met en lumière sa démarche méthodique d'apprentissage, son état d'esprit positif, et l'importance cruciale de cette réussite dans son parcours personnel et professionnel.
Edith Mathis.