14h00
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 2 : « Je n’avais qu’une vague et secrète inquiétude en quittant mon pays. Je laissais derrière moi un père affaibli, pour trois ou quatre ans au moins, c’est-à-dire suffisamment longtemps pour me demander si, à mon retour, je retrouverais celui qui, au plus profond de moi-même, m’inspirait le désir de la langue française que lui-même, pourtant, ne parlait pas. Mon père n’était pas très âgé, mais il souffrait d’une maladie du cœur qui le fragilisait. Le retrouverais-je encore, quand j’aurais fini tout ce que j’avais à faire à Paris ? »
Le Collège de France
La Journée Mizubayashi sur le blog.
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14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 15 : « Aventurier, rêveur, philosophe, antiphilosophe, théoricien politique, musicien, persécuté : Jean-Jacques a été tout cela. Si diverse que soit cette œuvre, nous croyons qu’elle peut être parcourue et reconnue par un regard qui n’en refuserait aucun aspect : elle est assez riche pour nous suggérer elle-même les thèmes et les motifs qui nous permettront de la saisir à la fois dans la dispersion de ses tendances et dans l’unité de ses intentions. En lui prêtant naïvement notre attention, et sans trop nous hâter de condamner ou d’absoudre, nous rencontrerons des images, des désirs obsessionnels, des nostalgies, qui dominent la conduite de Jean-Jacques et orientent ses activités d’une façon à peu près permanente. »
Vu sur le site de la Bibliothèque Nationale de France dans une édition de 1922 de "Les Confessions"
14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'à la partie III Paris-Tokyo, chapitre 1 : « Ce qui m’apporta le plus durant les trois années passées à Tokyo de 1976 à 1979, juste avant ma période de pensionnaire à l’École normale supérieure, c’était, donc, non pas l’enseignement à l’École doctorale qui laissait beaucoup à désirer, mais le travail personnel et solitaire consistant à essayer de lire par exemple les articles qui me semblaient intéressants, essentiellement dans trois revues spécialisées en matière de recherche littéraire : Poétique, Littérature, Revue des sciences humaines. Puis, dans le prolongement des lectures montpelliéraines avidement pratiquées, je repris certains livres (Barthes, Poulet, Richard, Genette, Starobinski, etc.), et j’en ouvris d’autres pour la première fois (A.J. Greimas, Philippe Lejeune, Leo Spitzer, des historiens comme Philippe Ariès, des philosophes comme Michel Foucault et Jürgen Habermas, etc.). J’étais convaincu, pour aller plus loin dans mon travail d’accompagnement rousseauiste, de la nécessité de passer par la lecture ou la relecture de grands textes critiques classiques ou d’avant-garde aussi bien que par l’exploration de champs disciplinaires adjacents comme l’histoire ou la philosophie. Ce qui m’intéressait, c’était d’acquérir une méthode rigoureuse d’analyse littéraire, un ensemble d’outils de travail adapté à mon objet d’études, de me familiariser avec la manière dont les Français (je veux dire : les tenants de certaines tendances de la critique littéraire française) parlaient à la littérature, interrogeaient une œuvre pour la faire chanter, pour la faire résonner dans la somptuosité des effets les plus divers. »
14h15
« Une langue venue d'ailleurs » lu jusqu'au chapitre 2 : « Avant de partir pour la France, nous travaillâmes, ma compagne et moi, pendant tout l’été 1979, dans une école de langues à Tokyo pour nous constituer un petit pécule. La situation financière des boursiers japonais du gouvernement français avait considérablement changé en quelques années. La mensualité de la bourse ne suffisait plus, disait-on, pour qu’ils puissent vivre décemment à Paris. La bourse n’était plus qu’une aide partielle. Nous étions deux à vouloir vivre à Paris durant trois ou quatre ans. La somme que j’allais toucher chaque mois ne payait vraisemblablement que le loyer d’un petit studio dans le 5e arrondissement près de l’École. Il nous fallait donc faire des économies.
Michèle travaillait depuis son arrivée à Tokyo dans cette école de langues et moi-même, en me prévalant de mes diplômes montpelliérains, j’y enseignais quelques heures par semaine, alors que j’étais par ailleurs étudiant à l’École doctorale de l’université de Tokyo. »