14h00
Lu jusqu'à : "J'étais une fille qui suit.".
14h00
Lu jusqu'à : « Le 31 décembre, je suis repartie du Mont-Dore dans la voiture d'une famille qui avait accepté de me remonter avec elle sur Paris. Je ne participais pas à la conversation. À un moment, une femme a dit que la fille logeant dans la chambre de bonne avait fait une fausse couche, « elle a gémi toute la nuit ». Du voyage, je n'ai retenu que le temps pluvieux et cette phrase. Elle fait partie de celles qui, tantôt effrayantes, tantôt réconfortantes, plus ou moins anonymes, m'ont conduite vers l'épreuve, accompagnée comme un viatique jusqu'à ce que j'y passe à mon tour. ».
14h00
Lu jusqu'à : "(Je suis réduite aux initiales pour désigner celle qui m'apparaît maintenant comme la première des femmes qui se sont relayées auprès de moi, ces passeuses dont le savoir, les gestes et les décisions efficaces m'ont fait traverser, au mieux, cette épreuve. Je voudrais écrire ici son nom, et son beau prénom symbolique, donné par des parents réfugiés de l'Espagne franquiste. Mais la raison qui me pousse à le faire – l'existence réelle de L.B., dont il me semble que je dévoilerais ainsi la valeur aux yeux de tous – est précisément celle qui me l'interdit. Je n'ai pas le droit, par l'usage d'un pouvoir non réciproque, d'exposer, dans l'espace public d'un livre, L.B., une femme réelle, vivante – comme vient de me le confirmer l'annuaire –, qui pourrait me rétorquer à juste titre qu'elle « ne m'a rien demandé ».
14h00
Lu jusqu'à : « Souvenirs des scènes suivies de fâcheries et de larmes, pas des paroles. Je ne peux pas déterminer ce que P. était à ce moment-là pour moi, ce que je voulais de lui. Peut-être l'obliger à reconnaître comme un sacrifice, voire une « preuve d'amour », cet avortement que j'avais pourtant décidé en fonction de mon désir et de mes intérêts. »